La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux curs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
Conversation douce en echo dans ma tête...
Un ange... mais quel ange ?
L'Ange de la Mort, tout rayonnant qu'il soit pour Baudelaire ?
Ou l'Ange de la Vie est belle de Franck Capra, le facétieux et maladroit Clarence ?
Oneiros Thanatos ou Georges Bailey ?
De quelle peau devrai-je me débarrasser ? Laquelle choisir, si choix il y a ?
Stig Dagerman disait "...et quelle impitoyable consolation pour celui qui s'avise que l'être humain doit mettre des millions d'années à devenir un lézard !".
Il n'a pas dit que la mue pouvait être aussi douloureuse.