Plongée sans oxygène
Il y a des matins, comme ça, où il faudrait pouvoir sortir un joker, faire l'impasse, effacer l'ardoise et sauter à la journée suivante directement.
Ces matins-là, on les sent dès le réveil.
Quand le fait même d'ouvrir les yeux ou de reprendre conscience après le naufrage de la nuit est déjà angoissant, que la gorge se fait granit, qu'on pourrait compter les moindres fibres des moindres muscles de son cou tendu à rompre.
Quand on sait qu'aujourd'hui sera, comme hier et comme demain, l'interminable litanie de minutes qui s'égrènent sans but, sans destination, dans le vide sidéral du silence.
Rien. Il n'y a plus rien.
Juste le vide et l'inutile. Le non-sens.
Attendre était la seule chose qui emplissait mécaniquement mes poumons d'air.
Je n'ai même plus l'excuse de l'attente.