L'aventurier manqué
C'est une petite nouvelle de Cesare Pavese, relue cet après-midi alors que le ciel prenait des teintes gris ardoise qui n'engageaient guère à mettre le nez dehors.
C'est un jeune homme qui revient après être parti en Amérique.
Il rêvait de la grandeur de ce pays encore jeune. Comme s'il pouvait la faire sienne, comme s'il pouvait la faire contenir en lui.
Il veut plus. Il veut mieux. Il veut tout et il veut le plus vite possible.
En fait, il n'y sera qu'un figurant, un étranger au rêve qu'il pourchasse. Un rêve d'Art.
Echec et retour.
Disparition de l'art et du rêve en lui qui lui font percevoir avec plus d'acuité la médiocrité du monde, mais surtout sa propre médiocrité.
Agonie de l'Art en lui.
Agonie de l'Être.
Dans la nouvelle de Pavese, il n'y a pas un homme qui se suicide. Il y a une nouvelle qui parle du rêve d'un homme qui se disperse dans l'univers et qui n'arrive pas à faire sens.
Loin, très loin en chaque être se tient en captivité un aventurier manqué.
Que faire avec le manque ? Toute la question est là.