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Kotinos Ghost
11 mai 2004

La source de la liberté est dans le courage

La source de la liberté est dans le courage.
(Périclès)

Calligraphy d'Hassan Massoudy

Menace sur la langue arabe

dimanche 9 mai 2004, par Leila

 

 

« Le fondement de l'unité, c'est la diversité » Aristote

Les services du ministère de l'éducation nationale et de la recherche ont décidé début mars 2004 de supprimer les concours de recrutement Capes et Agrégation d'arabe en 2005 [1].

Un mouvement est alors parti des étudiants de l'INALCO ( l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales) qui ont diffusé une pétition pour annuler cette décision. La mobilisation fut massive grâce à Internet, au bouche-à-oreille et aux mouvements citoyens. Sous cette forte pression, le Ministère de l'Education nationale et de la Recherche est revenu sur sa décision : le Capes et l'agrégation ont été maintenus pour l'année 2005.

Pourquoi cette tentative de bannir la langue arabe de notre école républicaine ?

Pourquoi l'arabe ? pourquoi pas le chinois, l'hébreu, le Néerlandais, le russe, le Tahitien ou bien d'autres langues dont le Capes et l'agrégation sont maintenus.

A l'origine, l'arabe était la langue des populations de la péninsule Arabique. Aujourd'hui elle est parlée et écrite par plus de 250 millions d'habitants répartis sur une vaste aire géographique avec des ramifications dans presque tous les pays du monde. L'arabe est une langue internationale, une langue vivante millénaire qui progresse et qui évolue avec son temps.

De plus, il est inutile de rappeler l'impact de la civilisation arabo-musulmane sur l'Europe moderne et de son influence sur l'intellect occidental et les liens historiques et étroits qui lient la France à cette langue.

La langue arabe est enseignée en France depuis le régime de François 1er et en 2005 précisément, la France fêtera le centenaire de la création de l'agrégation d'arabe.

Par ailleurs, cette langue est l'objet d'une très forte demande. Plus de 7000 élèves apprennent l'arabe dans l'enseignement secondaire et ceux qui sont formés hors système éducatif sont six à sept fois plus nombreux.

Les français d'origine maghrébine veulent connaître leur culture d'origine et suivre des cours de langue arabe. Cet apprentissage joue un rôle non négligeable dans le dispositif éducatif général et contribue à la structuration de la personnalité de l'élève. Luc Ferry, ex ministre de l'éducation nationale, a lui même insisté sur l'importance à diversifier l'enseignement linguistique et l'importance d'assurer un cursus d'arabe dans chaque département [2]. L'ironie de l'histoire est que cette même personne, atteinte sûrement de schizophrénie, a tenté d'en être le fossoyeur. On n'est pas à une contradiction près avec ce gouvernement !

Pourtant la situation internationale actuelle souligne, plus que jamais, l'importance du dialogue franco-arabe. Le soit disant « choc des civilisations », cette croisade du « bien » contre le « mal », la malheureuse « démocratie » contre la « tyrannie », sans oublier cet occident « civilisé » et « humaniste » contre l'orient « obscurantiste » et « sauvage » creusent le fossé entre l'occident et l'orient.

Le rôle de la France n'est-il pas justement de désamorcer cette crise au lieu de l'accentuer ?

Après le débat pitoyable et ubuesque sur le carré de tissu qui fait office de couvre chef, on s'attaque maintenant à la langue ; L'arabe est-elle aussi un signe ostentatoire et ostensible, qu'il faut bannir au nom de la « laïcité » ? La prochaine étape serait-elle les cantines scolaires où les enfants musulmans bénéficient d'un repas de substitution sans porc ? Ou les magasins de produits hallal ? Peut-être irait-on jusqu'à l'interdiction des lieux de culte musulmans pour des raisons « sécuritaires » entre autres.

L'histoire est-elle une éternelle répétition ? Les beurs sont-ils les nouveaux morisques ? [3]

L'acharnement de ce gouvernement sur une partie de ses citoyens est injuste et injustifiée. De plus, en fermant la porte des écoles de la république à l'apprentissage de cette langue, on favorise l'enseignement parallèle et on augmente les risques du communautarisme voire de l'intégrisme.

Cette attaque frontale de la langue arabe a interpellé beaucoup de citoyens français qui refusent le mépris et l'injustice envers une partie de leurs concitoyens. Ils se sont massivement mobilisés et ils ont pu changer le cours des choses.

Périclès a dit « Nous sommes les seuls à penser qu'un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible mais pour un citoyen inutile »

Si nous réagissons, c'est parce que nous ne voulons pas être des citoyens inutiles !

Restons vigilants !

Source : http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=1288

 

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