J'aime les cartes IGN
... ces cartes thermoformées en relief à l'échelle de 1:100.000ème si je ne me trompe pas.
La nuit dernière, j'ai mis le double "Lilith" de Jean-Louis Murat dans ma playlist et je me suis confortablement calée dans mon fauteuil, face à ce bureau au fouillis indescriptible qui, finalement, me ravit.
Sur le mur, la carte des Hautes-Pyrénées.
Au départ, tout restait dans le vague. Des teintes vert d'eau, l'orangé cruel des routes qui défigurent les vallées, de minuscules tâches d'un bleu layette pas du tout pyrénéen, les teintes grège et sable des arêtes saillantes...
Et puis mes yeux ce sont arrêtés sur la Vallée du Lutour, branche la plus orientale du trident que forment les trois vallées au sud de Cauterets : Marcadau, Gaube et Lutour, dominées par la masse écrasante du Vignemale.
Et j'ai refait la ballade dans ma tête jusqu'au lac d'Estom.
La longue montée dans ce jardin cerné de cascades, l'herbe rase et compacte dont on se demande quel jardinier invisible peut bien la tailler aussi impeccablement, le dernier verrou glaciaire avant l'arrivée sur le lac, les saxiphrages d'un rose violent qui festonnent avec insolence la rive occidentale... au même rythme que la marche, lentement, en la savourant, en m'arrêtant pour boire une gorgée de la gourde...
Et si je trouvais la carte du lieu où perche ma Tour Sombre ?
Si je laissais mon doigt traîner paresseusement sur ses crêtes, ses dénivelés, son lac ?
Est-ce qu'en fermant les yeux, j'arriverai à m'y transporter, à voir ses edelweiss, à retenir mon souffle devant ses Dents du Midi, à m'endormir sur son herbe aussi tendre ?
Et si ?....